ANNIE FAMOSE

BG : Vous avez mené votre carrière tout schuss en commençant sur les pistes de ski. Quel est votre palmarès de sportive ?
AF : Championne du monde de slalom en 1966, je nis deuxième et troisième en slalom aux Jeux olympiques de 1968. Au total j’ai obtenu huit médailles.
BG : Votre carrière de sportive se termine en 1972. Que faîtes-vous ensuite ?

AF : A l’époque nous étions des sportifs amateurs, Il a donc fallu se mettre au boulot pour vivre. Avec Isabelle Mir, la plus grande descendeuse du ski français, nous avons ouvert un magasin de sport à Avoriaz. Nous avons tout appris sur le tas, on connaissait le ski mais pas la gestion. On a appris assez vite. Ensuite nous avons ouvert une école de ski, le village des enfants d’Avoriaz.
Le succès est au rendez-vous et on ouvre d’autres magasins de ski, au fur et à mesure du développement de la station.
BG : On est dans les années 80 et vous vous lancez aussi dans la restauration.

AF : Sarah et David, mes deux enfants, sont arrivés dans ma vie et je voulais pouvoir mener de front ma vie de maman et ma vie professionnelle. Je choisis de rester à Avoriaz. Que fait-on comme activité en station ? des magasins de ski et des restaurants. Je me lance dans l’aventure, non sans difficulté au début. J’apprenais un autre métier.
BG : Vous constituez rapidement un petit groupe avec une dizaine de magasins et autant de restaurants.

AF: Oui et je ressens le besoin de me former au management et à la gestion pour franchir un cap. Je fais un DESS à l’ESSEC et j’acquiers les fondamentaux qui me faisaient défaut.
BG : Et là vous créez SKISET, aujourd’hui leader européen de la location de matériel de ski.

AF : Nous créons l’enseigne SKISET, suivi de SKIMIUM et de NETSKI.avec Léo Lacroix, Patrick Lepeudry, Caroline Rochias, Jean-Louis Narquin, Philippe Koiransky, Pierre Favre, Alain et Bernard Front. Nous totalisons 1200 magasins dont 700 en France et les autres dans toute l’Europe.
BG : Vous êtes une centrale d’achats ?
AF : Non, nous sommes un groupement de magasins indépendants présents essentiellement en station. Nous sélectionnons les produits et les conditions et nos af liés achètent en direct chez nos fournisseurs.
BG : Vous auriez pu vous « contenter » de cette remarquable réussite ! Qu’est-ce qui vous pousse à vous lancer dans la restauration, où vos débuts ont été difficiles ?
AF : L’envie de travailler avec mes deux enfants. Sarah sort de l’ESCP, David rentre chez Pierre et Vacances après ses études.
Il fallait une autre ambition pour leur donner envie de venir.
Et puis nos activités très saisonnières posaient deux problèmes récurrents. Un de trésorerie, on ne travaillait que cinq mois dans l’année et un autre de ressources humaines car nous n’avions que des saisonniers. Il fallait une activité complémentaire pour le reste de l’année, en jouant sur la saisonnalité.
BG : Vous partez à Saint Tropez.

AF: Plus exactement nous suivons notre directeur du restaurant La Réserve à Avoriaz qui déménage à Saint Tropez et nous propose une très belle affaire, le restaurant le Girelier sur le port. S’en suivent d’autres rachats depuis 15 ans, sur le port, puis Place des Lices, à Ramatuelle et une plage.

BG : Ensuite Biarritz.

AF : Je suis originaire du Sud Ouest où nous avons une maison. Quand nous apprenons que le BLUE CARGO, ce lieu festif et emblématique de Bidart, est à vendre, on se précipite. Puis c’est la Petite Plage qui est une création, l’hôtel le Café de Paris à Biarritz et son Café Basque, et récemment l’hôtel Radisson Blu qui surplombe la plage des Basques à Biarritz.
BG : Vous vous développez aussi à Megève, à Courchevel, à Saint Barth. Comment gérez-vous ce petit empire et ses multiples destinations ?
AF : Sarah gère nos établissements de Biarritz, où est également notre siège administratif, et ceux d’Avoriaz, David gère ceux de Saint Tropez, de Megève, de Courchevel et de Saint Barth. Cette répartition tient compte également des types de clientèle que l’on retrouve dans ces stations entre la saison d’hiver et la saison d’été.
BG : Quel est le positionnement du groupe Annie Famose dans la restauration et l’hôtellerie ?

AF : Notre cœur de métier c’est de faire des lieux festifs, de créer des lieux de vie. On propose des beaux endroits, où l’on se sent bien, où l’on mange bien, avec un bon service et où l’on fait la fête.
BG : Avez-vous résolu votre double problématique initiale de trésorerie et de ressources humaines ?

AF : Oui, nos affaires marchent bien et couvrent toute l’année et nos équipes passent de la montagne à la mer avec beaucoup d’envie. Nous avons solutionné l’épineux problème du logement du personnel en créant des résidences adaptées aux saisonniers.
BG : Quelle est votre recette du succès ?
AF: Nous travaillons en famille et en comité restreint, les décisions se prennent très vite et nous sommes agiles. C’est aussi d’avoir des équipes motivées et de s’entourer des meilleurs partenaires. Ainsi, aucun compromis n’est fait sur la gastronomie : nous collaborons très étroitement avec le Chef multi-étoilé Eric Frechon pour de nombreux restaurants et avec Cédric Béchade, Chef étoilé de l’Auberge Basque, pour le Café Basque à Biarritz. Nous avons depuis plusieurs années un Chef exécutif qui chapeaute l’ensemble du Groupe et un architecte qui suit tous nos projets. A Saint-Tropez l’artiste international Philippe Shangti scénarise 2 établissements phare : le Quai et L’Opéra.
BG: Vous avez créé de nombreuses marques. Vous les essaimez dans les différentes localisations ?

AF : Nous essayons d’abord d’avoir les concepts et les produits les plus adaptés à chaque destination. On ne veut pas faire du Saint- Tropez à Biarritz et encore moins à la montagne. La Ferme Saint Amour est vraiment un produit de montagne. La Petite Plage existe à Saint-Tropez, à Biarritz et à Saint Barth, mais la carte est adaptée aux recettes et aux produits locaux. L’idée est d’avoir le bon produit au bon endroit, adapté à la clientèle et au lieu.
BG : Avez-vous d’autres projets en vue ?
AF : Nous restons à l’affût, on nous présente régulièrement de belles affaires. Nous allons également nous intéresser plus avant à l’hôtellerie.