Marie-Josèphe Laurent

Rencontres de Bongoût 04 avril 2024
Marie-Josèphe Laurent

EN DEHORS DE TRAVAILLER, CE QUE J’AIME LE PLUS FAIRE C’EST CUISINER

La bâtonnière du Barreau de Lyon aime passer de l’univers professionnel avec son lot de stress, à l’univers familial avec la cuisine comme sas de décompression. Très jeune elle apprend la cuisine avec son père à Nancy où elle grandit. Aussi, quand elle arrive à Lyon l’année de son bac, elle est d’autant mieux accueillie et intégrée qu’elle prépare de bons petits plats pour ses amis. Marie-Josephe prête serment à l’âge de 23 ans et fait toute sa carrière à Lyon. C’est un peu avant ses 40 ans qu’elle s’intéresse à tout ce qui touche au Barreau. Depuis, elle y occupe de nombreuses fonctions ou assume des missions, jusqu’à devenir bâtonnière en 2022, poussée par ses confrères.

BG : Comment devient-on bâtonnier ?
MJL: C’est une élection au suffrage universel de tous les avocats inscrits au barreau.

BG : Vous avez mené campagne ?
MJL: Nous étions en pleine pandémie, j’ai donc fait une campagne très terrain par téléphone, appelant de très nombreux confrères, j’ai fait un podcast, un live et des vidéos également. J’y ai passé un temps incroyable, week-ends compris, mais c’était formidable d’être à l’écoute des attentes de mes confrères. J’ai passé parfois des heures avec certains que je ne connaissais pas pour percevoir des choses que je n’appréhendais pas, notamment l’orientation du jeune Barreau. 

BG : Quelle est la mission du bâtonnier ?
MJL: C’est un chef de bande, il représente tous les avocats inscrits au barreau. C’est passionnant d’être utile et d’accompagner ses confrères, parfois en difficulté, de les encourager dans leur projet personnel ou collectif, de donner un coup de pouce. C’est aussi représenter le Barreau auprès des juridictions, des politiques, de la société civile, le faire rayonner. C’est parfois prendre des mesures disciplinaires quand cela s’impose.

BG : Qu’est ce qui vous a motivé à prendre cette charge supplémentaire ?
MJL:J’aime ma profession et j’aime les avocats. On a des moments de fraternité même avec des confrères avec qui on a parfois bataillé sur des affaires. Vers la fin de ma carrière j’ai éprouvé le besoin de me mettre à la disposition de mon barreau. Je remercie mes associés du cabinet Implid de m’avoir permis de consacrer beaucoup de mon temps au barreau, pendant deux ans.

BG : Vous avez une brillante carrière, quels en sont les faits les plus marquants ?
MJL: J’ai toujours travaillé dans des grands cabinets, collaboratrice puis associée. J’ai dû faire preuve d’audace et j’ai fait deux grands sauts. Le premier en 1992 quand les conseils juridiques deviennent des avocats, je viens m’associer avec eux au sein de LEGI CONSULTLANTS. Le second quand je dirige le cabinet Brumm et que nous sommes approchés par un Groupe d’experts comptables, SEGECO devenu depuis IMPLID. C’était un des premiers rapprochements en France entre « les métiers du chiffre et du droit », regroupement autorisé par la loi Macron. Cela amène à travailler différemment et à « conjuguer nos talents «, pour paraphraser la publicité de la Société Générale!

BG : Votre mandat de bâtonnière se termine fin 2023, comment voyez -vous la suite ?
MJL: Je vais revenir pour quelques années au cabinet Implid et remettre la gomme pour participer à la transformation de nos métiers et accompagner la nouvelle génération.

J’aime ma profession et j’aime les avocats. On a des moments de fraternité même avec des confrères avec qui on a parfois bataillé sur des affaires.

BG : Êtes vous optimiste pour l’avenir de votre profession ?
MJL: Oui, tout d’abord notre profession continue d’être attractive, même s’il est dans l’air du temps d’avoir des difficultés pour recruter. Ensuite la nouvelle génération va disposer de nouveaux outils pour diminuer les tâches serviles, comme passer des heures à éplucher le code civil ou à analyser la jurisprudence. Avec le développement des « legaltech » et l’Intelligence Artificielle, quelques mots clefs entrés dans un logiciel suffiront pour connaître toute la jurisprudence qui va dans le sens ou contre les conclusions d’un confrère. Un gain de temps énorme qui permettra de répondre aux attentes d’une nouvelle génération qui souhaite davantage d’équilibre entre vie professionnelle et vie privée.

BG : Pensez-vous pouvoir « rester dans le game » ?
MJL: Je crois qu’on a beaucoup à apprendre de ses cadets et qu’ils ont à apprendre de leurs aînés. Pour survivre il faut rester des êtres singuliers, les qualités humaines seront essentielles. Et puis, il faudra toujours être créatifs et imaginatifs pour comprendre et analyser la volonté de nos clients et leur apporter des solutions adéquates. Cela nécessite aussi du vécu et de l’empathie.

BG : Qu’elle est votre recette du succès ?
MJL: Je n’ai pas la recette , mais les ingrédients sont le travail, le travail et encore le travail. Ajoutez une bonne dose d’humilité, de loyauté et de l’enthousiasme. Et puis je crois à la chance, il y a certainement quelqu’un là-haut qui vous accompagne.

BG : Que retrouvez-vous dans le fait de cuisiner ?
MJL: J’aime la table et la cuisine car c’est le partage, la convivialité, le plaisir d’être ensemble. J’aime cuisiner à plusieurs avec mon fils, mon mari, mon père ou des amis. Et puis recevoir des amis.

BG : Votre fils cuisine ?
MJL: Avec son bac S en poche, nous le rêvions ingénieur, avec mon mari. Il nous a annoncé vouloir faire l’Institut Paul Bocuse. Il s’est révélé, il est passionné. Il vient de rentré chez le grand Chef Pierre Gagnière, au Balzac. Nous sommes très fiers. Du coup il réalise de bons plats, mais surtout pour ses amis.

BG : Quel type de cuisine faites-vous ?
MJL:J’aime tout cuisiner dans les entrées et les plats. Je suis moins attirée par les desserts, mis à part les classiques. Je fais des terrines et des pâtés croûte et même un oreiller de la belle aurore pour les Fêtes de Noël. J’aime faire des grenouilles, des volailles, du cassoulet ou un couscous….

BG : Vous avez le temps de faire des courses ?
MJL: Le week-end je vais à la campagne dans l’Ain et j’adore faire les marchés et trouver de bons producteurs. Je vais au marché à Villefranche, à Châtillon sur Chalaronne ou à Bourg en Bresse.

BG : Quelles sont vos bonnes adresses de restaurants ?
MJL: J’aime les restaurants créatifs vers La Martinière. Parfois aussi des étoilés, comme Takao Takano pour sa cuisine au mélange d’oriental et d’occidental, j’aime aussi Troisgros . Mais mon préféré c’est Bocuse, le conservatoire de la cuisine française.

BG : Et pour vous échapper ?
MJL: A l’Ile d’Yeu, depuis 20 ans nous louons la même maison. J’ai un rêve, le temps d’une saison, d’exploiter le bistrot du port de la Meule.

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