Sylvie Guinard, Thimonier

Rencontres de Bongoût 14 novembre 2024
Sylvie Guinard, Thimonier

Présidente de Thimonier

Entreprise familiale depuis plus de 150 ans, Thimonnier fabrique des machines pour conditionner en emballages souples les produits sensibles. Cinquième génération à la tête de l’entreprise, Sylvie est une femme d’action avec un charisme évident et une formidable capacité à mobiliser. Passionnée d’espace et d’aéronautique, elle se rêvait spationaute. Le destin en décide autrement quand, en 2000, de retour à Lyon avec son mari, après cinq années passées en Alsace, son grand-père la choisit et la convainc de prendre sa suite à la tête de l’entreprise. Présente dans 150 pays, Thimonnier réalise 85% de son chiffre d’affaires à l’export et chaque jour des millions d’emballages souples dans le monde sont remplis par des machines de conception et de fabrication Thimonnier, entreprise implantée à Saint Germain au Mont d’Or, dans le Rhône.


thimonnier

BG: Vous êtes mariée, maman de deux grandes filles de 18 et 21 ans, quel est votre principal ancrage ?
SYLVIE GUINARD :
La famille a un rôle primordial dans ma vie. Ainée de cinq enfants, avec deux parents issus de familles nombreuses, j’ai été habituée dès l’enfance aux grandes tablées et à l’animation. C’est certainement de là que vient mon goût pour le collectif et le travail en équipe. Je suis très tribu. Aujourd’hui, mon mari et mes filles sont mes piliers.

BG : Votre formation d’ingénieur mécanique vous préparaitelle à la reprise de l’entreprise ?
SG :
Pas du tout. J’ai fait une école d’ingénieurs parce qu’un des spationautes français l’était, que j’étais bonne élève et que c’était la voie royale. Je ne connaissais pas l’entreprise familiale. A la maison, on ne parlait pas de l’entreprise, car ma mère trouvait que mon père était suffisamment accaparé par ses responsabilités d’informaticien.

BG : Quel est alors votre parcours ?
SG :
J’ai commencé à travailler dans l’industrie spatiale, j’ai vécu le premier décollage d’Ariane V. J’y ai vraiment apprécié le travail en équipe, car tous les détails ont leur importance et le rôle de chacun est essentiel pour réussir un lancement. C’est une aventure dont le succès est le fruit d’un collectif collaboratif.

BG : Vous revenez à Lyon en 2000 pour suivre votre mari qui s’y installe pour des raisons professionnelles…
SG :
Oui, et contre toute attente, mon grand-père me propose de le rejoindre chez Thimonnier, alors que naturellement, il aurait absolument voulu passer le flambeau à un ingénieur masculin. Afin d’acquérir des connaissances en stratégie, en finances et en gestion, je fais au préalable un MBA à l’EM Lyon. J’intègre alors l’entreprise d’abord au bureau d’études, à la direction financière, puis à la direction générale. Je prends la suite de mon grand-père en 2009 et je deviens PDG. En 2013 je rachète les parts des autres membres de la famille. 

BG : Quelle est l’histoire de Thimonnier ?
SG :
L’histoire commence en 1830 avec l’invention de la machine à coudre par Barthélémy Thimonnier, puis son fils Etienne crée l’entreprise en 1870. Il demande dès 1898 à Léon Doyen de le rejoindre en tant qu’associé puis le capital passera totalement entre les mains de la famille Doyen la génération suivante. Plusieurs générations se succèdent alors. A la fin des années 1940, mon arrière-grand-père Louis Doyen prend un virage technologique en inventant la machine à souder par haute fréquence qui permet de souder des pièces de PVC. Cette invention ouvre la voie à de nombreux débouchés en permettant de créer tous types d’emballages souples. Des années 50 aux années 80, les fabrications de machines à coudre et de machines d’emballages cohabitent. L’arrivée massive du textile bon marché d’Asie au début des années 80 signe la fin des machines à coudre. L’entreprise va donc se développer sur la conception et la fabrication de machines pour tous types d’emballages.

BG : Quelles sont les principales applications et pour quels débouchés ?
SG :
Le Doypack® (abréviation de Doyen Packaging) inventé par Louis Doyen en 1963 est un emballage qui tient debout, avec ou sans bouchon, éventuellement avec un zip. Les sachets « coussins » pour emballer l’eau, le lait – y compris en aseptique pour une conservation à température ambiante. Des emballages éco-recharges, minimisant la quantité de matière. Et des créations de produits sur-mesure, du protège-cahier au gilet pare-balles, grâce à notre connaissance de la soudure des matériaux souples. Les machines que nous fabriquons sont utilisées dans les secteurs alimentaire, hygiène, médical … avec des produits qu’on retrouve dans notre quotidien comme des conditionnements de lait, de jus de fruits ou de miel liquide, des berlingots de javel ou des poches de perfusion.

BG : Quelle place occupe Thimonnier ?
SG :
Thimonnier est aujourd’hui un des leaders mondiaux pour la conception et la fabrication de machines de conditionnement souple. Nous sommes sur un marché en perpétuelle évolution. Nos clients sont aussi bien des grands groupes de l’alimentaire ou de l’industrie que de petits éleveurs au fond de l’Afrique qui ont besoin d’emballer leur lait pour le protéger et le conserver.

BG: On parle beaucoup de la fin du plastique ?
SG :
Thimonnier est très investie dans l’éco-responsabilité. Notre coeur de cible est la protection de liquides qui sont en contact avec le corps humain, en minimisant la quantité de matière d’emballage utilisée. Nos machines peuvent utiliser de nombreux matériaux comme le polyéthylène, les algues ou la caséïne. Mais la vraie problématique relève d’une prise de conscience collective pour supprimer ou réduire les emballages « marketing », les emballages qui ne sont pas nécessaires et surtout éviter qu’on ne les retrouve dans la nature.

BG : Vous cumulez les nominations et les récompenses…
SG :
A travers mes trois centres d’intérêt pour l’innovation, l’international et l’industrie, j’ai différents mandats : présidente du Conseil d’Administration de l’INPI, administratrice de Business France, administratrice de plusieurs entités à la genèse de l’Industrie du Futur. Au titre de mes différents engagements, j’ai eu l’honneur de recevoir en 2017 l’Insigne de Chevalier de la Légion d’Honneur et en juin dernier d’être élevée au grade d’Officier de l’Ordre National du Mérite, après l’insigne de chevalier en 2013.

BG : Vous êtes une femme passionnée et inspirante…
SG :
J’aime explorer les territoires inconnus. Découvrir ce qu’on ne connaît pas nous ouvre des possibles incroyables. Sur ma table de chevet, j’ai en permanence des livres de physique quantique et de recherches sur le cerveau. Je m’émerveille des évolutions technologiques et de tout ce qui conduit à remettre en cause des idées reçues. Quand on cherche à comprendre comment et pourquoi les choses se passent, on est en perpétuelle ébulition.

BG : Vous reste-t-il du temps à partager avec vos proches ?
SG :
Oui, et c’est en cela que la table joue un rôle essentiel, même si à la maison c’est mon mari qui écluse les marchés et élabore la cuisine, j’adore la convivialité du repas et l’on peut passer des heures à table en famille. C’est certainement aussi le souvenir des grandes tablées de mon enfance…

BG : Est-ce que la table joue un rôle important dans votre business ?
SG :
La table permet de mieux se connaitre, de parler d’autre chose que de technique et en cela, elle est importante. Toutefois la relation à la table n’est pas vécue pareillement en France et à l’international.

BG : Quel type de table affectionnez-vous ?
SG :
Je préfère les bistrots et la cuisine conviviale aux restaurants gastronomiques. Toutefois, ces derniers permettent de marquer notre considération à certains invités quand d’autres préfèrent une table plus simple qui offre davantage de proximité.

BG : Quels sont vos plats préférés ?
SG :
J’aime les plats simples, de préférence sans sauce et j’ai un faible pour les côtes d’agneau, le magret de canard et les légumes crus.

BG : Un souvenir d’enfance ?
SG :
Oui, le Saint Pothin est vraiment mon péché mignon et les grands framboisiers que l’on partage en famille.

BG : Pour vous ressourcer ?
SG :
Je chante. Je fais partie du Choeur du Val de Saône. Nous interprètons des chansons en majorité françaises. Nous avons fait l’an dernier un concert autour des chansons de Michel Berger et France Gall. Début décembre, nous donnons 4 nouveaux concerts à Jassans Riottier dans l’Ain, sur le thème des « Messages : ces chansons qui nous parlent ».

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