Yann Roubert

Rencontres de Bongoût 15 avril 2024
Yann Roubert

LA TABLE CRÉÉE DES LIENS, COMME LE RUGBY PEUT EN CRÉER

BG : Qui est Yann Roubert ?
Je suis mi-savoyard, mi-lyonnais et j’ai grandi à Saint Etienne. Mes passions sont l’alpinisme et la voile, j’ai joué au rugby en universitaire et au foot plus jeune mais à Lyon, je ne parle que de rugby et je consacre toute mon énergie au LOU Rugby dont je suis Président depuis 10 ans. Je suis marié et père de deux enfants.

BG : Présentez-nous le LOU Rugby
C’est un club qui existe depuis 125 ans, fondé en 1896. Champion de France 1932 et 1933. Avec l’équipe qui m’entoure, nous devons écrire l’histoire moderne de ce club, dont le dernier bouclier de Brennus date de 90 ans. En 2022, nous avons gagné la Challenge Cup et même si c’est la première fois qu’une équipe masculine d’un club lyonnais remporte une Coupe d’Europe, je considère que ce doit être le début d’une nouvelle ère pour le LOU, celle où l’on gagne au plus haut niveau. Nous sommes un club de rugby, avec une équipe bien sûr, mais aussi une entreprise qui vit autour. Ce n’est ni que l’un ou que l’autre et jamais l’un sans l’autre.

Yann Roubert

Au-delà du rugby qui reste évidemment notre ADN foncier, nous sommes aussi devenus, avec l’aide de notre actionnaire, le groupe GL events, restaurateurs (250 / 300 cvts / jour) avec la Brasserie du LOU, organisateurs d’évènements sur les 350 jours où il n’y a pas de match de rugby- Tous nos espaces et salons sont des salles réceptives évènementielles où nous accueillons entre 200 et 300 évènements par an - promoteurs immobilier avec les Jardins du LOU qui totalisent 30 000 m² de bureaux où 2000 personnes viennent travailler et enfin, hôteliers avec le Ruck Hôtel qui a ouvert récemment. Nous employons 300 personnes dont 45 joueurs. Tout ça c’est le LOU Rugby.
Le coeur de tout ce que l’on fait c’est évidemment le rugby, mais le Matmut Stadium de Gerland qui est un élément clé dans notre développement est un lieu de vie, un carrefour d’échanges et de rencontres, un créateur d’émotions, tous les jours de l’année.

BG : Comment devient-on Président du LOU Rugby ?
J’ai toujours voulu travailler dans le sport. Je suis d’abord entré, début 2000, chez Bouygues Télécom, dernier arrivant dans la téléphonie mobile qui cherchait des sportifs de haut niveau pour implanter des partenariats dans les stations de ski et dans les clubs de voile. J’y suis resté 3 ans. N’ayant pas fait le deuil de ma vie de sportif, j’ai pris un an pour mener une expédition autour du monde, avec quatre copains, pour grimper et naviguer aux meilleurs moments, dans les meilleures conditions. Par exemple au Népal après la mousson, en Nouvelle Zélande pendant l’été austral, en Patagonie avant qu’il ne fasse trop froid, dans les Andes avant la saison des pluies. Nous avons fait 15 sommets de plus de 6000 m et une vingtaine à plus de 5000 mètres et nous avons navigué dans des coins parisiaques.
Au retour, en 2005, je suis rentré chez SFR comme Directeur du sponsoring, des évènements et des relations publiques. Je m’occupais de la communication dans le sport et des partenariats avec l’équipe de France de Foot, ou la Coupe de France.
Puis, avec ma femme, en 2009, nous avons eu l’opportunité de partir à Dubaï pendant 3 ans où j’ai rejoint GL events au Moyen Orient. Quand le groupe, déjà actionnaire principal du club depuis 2006, a souhaité reprendre en main le LOU Rugby de manière plus opérationnelle, j’ai été nommé Président, avec beaucoup d’envie. Je trouve un potentiel phénoménal à ce club. Un triple potentiel. Le premier c’est le potentiel rugbystique, avec 100 clubs et 60 000 licenciés, c’est un réservoir considérable de joueurs. Le second c’est la population autour de Lyon, avec plus d’un million et demi d’habitants. Le potentiel de spectateurs est exceptionnel, si on arrive à convaincre 2% des gens de nous supporter, on peut faire venir 30 000 personnes à chaque match. Enfin, le potentiel économique, Lyon
est la seconde ville de France. Si on est bons, nous devons pouvoir trouver les moyens de nos ambitions pour concrétiser ce potentiel. Nous avons tout pour réussir.

BG : Quels liens y a-t-il entre la table et le sport ?
Ce qui compte à table, ce sont les gens autour, dans un sport d’équipe c’est pareil avec ceux qui constituent l’équipe. Rugby, gastronomie et vin ont toujours fait bon ménage. C’est une tradition de convivialité et de solidarité. La table créée des liens, comme le rugby peut en créer.

Yann Roubert

Les 3ème mi-temps sont aussi des moments fort du rugby. Pour nous le rugby, c’est une expérience complète, on aime que les gens viennent au stade pour le sport, mais aussi pour le partage avant et après. C’est essentiel que tout le
monde se retrouve autour d’une bière, pour manger un sandwich, dîner à la brasserie, ou à la table présidentielle. Pour un match, les gens arrivent à 16h et repartent à minuit. C’est l’expérience rugby au sens large. On est moins glamour que le foot, mais on est plus convivial, plus familial, plus business. Sur 15 000 personnes qui viennent au match, au moins 3000 restent pour dîner dans les espaces VIP, à la brasserie, ou au bar.
Nous sommes le seul club de rugby à Lyon et nous sommes les seuls lyonnais dans le rugby. Nos deux caractéristiques principales doivent être le rugby et Lyon. Le plus beau symbole de ça, c’est le GRAND MÂCHON LOU que nous organisons chaque année en fin de championnat, forcément le matin. C’est le plus grand mâchon du monde, avec plus de 1000 personnes. C’est un évènement remarquable où les chefs, les pompiers, les serveurs sont bénévoles. 150 tables de 10, qui chantent, qui boivent et qui rigolent. C’est foncièrement rugby.
Je vous donne un autre exemple. Avec les Présidents des clubs adverses, on assiste ensemble au match et surtout on partage un repas ensemble, avant ou après le match,  c’est une tradition. Ce partage c’est aussi l’esprit rugby.

BG : Parlez-nous du Yann Roubert épicurien
Je suis épicurien même si je ne suis pas cuisinier, en dehors des barbecues de l’été, je fais la fondue et la raclette. Chaque année, nous organisons avec 6 copains un week end pour découvrir une région, avec en point d’orgue une grande table. Nous nous appelons pompeusement le G7 ! Le président de l’année, tiré au sort, choisit une région de son choix. C’est l’occasion d’un bon week end de copains et de découvrir un grand restaurant, des viticulteurs, des producteurs. Lors du dernier G7, j’étais Président, nous sommes allés chez Troisgros. Ces moments sont extraordinaires.

BG : Quel est votre meilleur souvenir à table ?
Originaire de Haute Savoie, nous sommes cinq frères et soeurs, nous avons une tradition quand nous nous retrouvons, c’est la raclette des retrouvailles à la Ferme de Charbonnière à Menthon St Bernard. Je me souviens aussi d’un moment fort autour du vin lors des préparatifs de mon mariage. Mon frère nous avait offert une pièce de Gevrey-Chambertin. Quelques jours avant le mariage toute la famille était affairée autour de cette pièce (225 litres). Mon frère et moi siphonnions le vin, d’autres mettaient en bouteille, bouchonnaient ou collaient
les étiquettes avec du lait. Ce vin, nous l’avions choisi 6 mois avant, lors de nos fiançailles, parmi tous ceux qu’il nous avait proposé. Il nous avait parlé de chaque parcelle, de leur histoire, … Cette dégustation a été aussi un grand moment de partage.

BG : Quel est votre recette du succès ?
Le succès est toujours relatif, surtout dans le sport. S’il y avait une recette toute faite, je l’appliquerais tous les jours. Mais justement quand on est conscient de son potentiel, de sa chance, comme au LOU Rugby, il faut ensuite se donner les moyens de concrétiser ce potentiel en choisissant les bonnes personnes. Dans des sports individuels, on compte principalement sur soi, mais dans des aventures collectives, pour réussir, on doit bien s’entourer car on est dépendant les uns des autres.
Les trois mots clé au LOU Rugby sont travail, humilité et plaisir. Le rugby, c’est vivant, c’est enthousiasmant et surtout ça reste un jeu.

BG : Les bonnes tables de Yann Roubert ?
L’Argot ou Bello, à Lyon. Même si je mange peu de viande, c’est un vrai bonheur de manger de la bonne viande. Je suis aussi au quotidien à la Brasserie du LOU que je recommande.

BG : Qu’est-ce qui vous manque le plus ?
Le répit. C’est toujours passionnant, mais il n’y a pas de temps mort. Je dois me préserver et garder du temps pour me resourcer. J’ai besoin de me dépenser, je courre, je marche, je pédale, quand je peux, et je grimpe un ou deux week end par an. La dernière fois que j’ai fait le Mont Blanc, c’était avec un joueur à qui j’avais promis le sommet si on se qualifiait, le 30 juin 2018.
Au rugby on fait tout pour gagner sur le terrain et c’est un vrai sport de combat collectif, mais après on se retrouve tous pour partager un bon moment à table et boire un bon coup.

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